Archives de catégorie : Convivialités

Mon premier mariage arc-en-ciel

Un article de notre ami Téo repris du blog du groupe de Nantes :

Parcourant depuis Nantes de longues routes bordées de forêts et de prés, un vert de mille nuances est la première couleur de ce week-end au goût d’arc-en-ciel.
Au cœur de la Mayenne, nous arrivons à Fontaine-Couverte, écrin de campagne où les deux cœurs rouge garance de Denis et Jean-Louis vont sceller leur union dans la minuscule salle de la mairie. Soleil jaune au dehors, chemises bleues et souliers vernis assortis, les amoureux se disent « Oui ! » sous les ors de la République entourés de leurs familles, amis ou déjistes (nantais, rennais et bretons) simplement heureux de partager ce moment de bonheur. Et n’en déplaise à la old english lady voisine qui a choisi de fermer portes, fenêtres, persiennes et cœur « so » offusquée d’apprendre qu’aucun voile de mariée saupoudré de grains de riz ne viendrait franchir le porche de l’Hôtel de ville. Ô my god….
Mais qu’importe les grincheux, c’est joyeux que nous quittons la mairie pour nous rassembler dans la salle voisine autour d’une cérémonie protestante. La croix confectionnée par Hélène prend place sur l’autel. Un moment spirituel riche en émotions mêlé de chants, textes, prières, poème, alliances et colombes1.

Quelques explications des mariés s’imposent sur la symbolique qu’ils souhaitaient apporter aux échanges des alliances et colombes dans leur union :

« Les alliances sont un symbole du mariage auxquelles nous avons voulu y ajouter tout d’abord deux colombes. Deux colombes comme trait d’union d’une alliance première avec Dieu, celle de la paix dans les cœurs et dans les vies.
Pourquoi ces colombes symbole de paix ? Quand le regard sur la différence que nous portons a généré tant de souffrance, parfois de mal de vivre, souvent de mal-être et de détresse d’un genre que certains n’ont pas voulu voir humain !
Parfois rejetés par les siens, encore trop souvent par les Églises, exclus par les autres, au banc d’une société qui se plaît à rire en sous main. Mais les choses évoluent par le courage d’une poignée, par l’amour et la compréhension de beaucoup, dont vous êtes ici nos témoins.
Pour nous ces colombes sont également symbole de l’Esprit Saint. Vivre au souffle de l’Esprit de Dieu, c’est être comme ce vent dont on ne sait ni d’où il vient ni où il va, comme le Christ qui a bousculé les nombreuses frontières que les hommes se mettent entre eux.
Alors, nous nous sommes dit que cet oiseau méritait bien de symboliser l’élan de la paix et de la fraternité que nous voulons porter dans notre amour. Il est capable, si nous y croyons suffisamment fort, de nous faire décoller de nos idées poussiéreuses et bien arrêtées. Il est capable, comme d’un battement d’ailes, de nous élever au-dessus de la mêlée des bêtises et des conneries humaines.
Il porte la paix, non dans une blancheur qui se voudrait immaculée et qui finalement renie la diversité de notre humanité, mais dans les mille couleurs de l’arc-en-ciel, que l’on ne peut capturer dans nos mains, mais qui ne se saisit bien qu’avec les yeux du coeur. »  Denis & Jean-Louis

Le poème de Denis :

Bien-aimé

Bien avant que je ne le connaisse lui mon roi
Déjà il m’embrasait des bienfaits de son amour
Je ne veux avoir de cesse de l’adorer en retour
Lui qui aime dès que je crie ou chante ma foi
Il s’est fait nourriture se livrant sur une croix
Corps et sang dans une vie donnée sans retour
J’ai dit oui à l’alliance nouvelle pour toujours
Car telle une sève sa fidélité m’irrigue de joie
Christ ton Père me convie pour les noces d’or
L’Esprit me met à nu pour être vrai devant toi
Je ne puis rêver ne puis imaginer meilleur sort
Jamais tu ne brises ma liberté mais tu accrois
Ma charité pour ceux blessés d’âme de corps
Que tu chéris toi qui de leur salut est la voie

Le chant « Evenou shalom alerhem ! » clôt la célébration.
Nous vous annonçons la paix
Nous vous annonçons la joie
Nous vous annonçons l’amour

Une pincée de bulles de poiré jaunes, roses ou bleues plus tard, nous voici chacun-e paré-e d’un bracelet de couleur qui, dans un espace verdoyant à quelques pas de là, va nous transporter petits, grands, familles, amis et déjistes mélangés dans une farandole ludique. Ensemble, dans une bonne humeur communicative, nous avons grimpé, pêché à la ligne, joué à chat perché ou à saute mouton, dansé sur un pont d’Avignon mayennais d’adoption. Le soleil printanier déclinant à l’horizon, il est temps de reprendre la route jusqu’aux portes de Laval pour la soirée.
Accueillis par un arc en ciel de ballons, une petite colombe arc en ciel en guise de marque-place et des jolies compositions florales sur les tables nous voilà partis pour un repas ponctué d’intermèdes ludiques et musicaux. Le champagne sabré, le dessert dégusté, la piste de danse s’ouvre à nous pour une nuit musicale aux notes de disco, de rock et de madison entremêlés. Les plus courageux, à une heure très matinale et avant de sombrer dans les bras de Morphée, s’accordent une pause soupe à l’oignon de coutume.
Nous quitterons nos hôtes néo-mariés après un petit-déjeuner prétexte à prolonger un week-end riche en échanges.
Un voyage retour gris et pluvieux mais un cerveau encore ensoleillé par mon premier mariage arc en ciel ! 😉

Téo

1 colombes et alliances qui, drôle de coincidence, se retrouvent sur les carte, mugs et photophores offerts par les déjistes nantais 😉

Un weekend « bien être » du côté de Morlaix

Un weekend « bien être » du côté de Morlaix

Samedi dernier, je suis parti le cœur léger mais avec tous les soucis du jour accumulés et une bonne overdose d’ennuis du quotidien dans ma besace, mais je suis parti en laissant tout sur place. J’étais tout seul dans ma coquille, ayant bien du mal à partager avec les autres la chambre à air de cet œuf qui tardait à choir. On a pris la route et on parlé pour occuper le temps, mais pas seulement. On a récité nos envies, nos doutes et on a pris tout l’espace de l’attente que l’on redoute à l’idée de la rencontre, du mystère d’un temps que l’on ne maîtrise pas et d’une part de nous même que l’on confie aux autres. On fait la bise, on se sert les coudes, on s’isole derrière un livre, un mur, derrière les écrans de téléphone et l’on peine à laisser tomber le masque. On se sent perdu comme en plein vol au milieu de l’Atlantique Nord et sans boussole. La peur vous fait des rides qui vous coincent le cœur, mais n’empêche pas la parole des sourires, des mains tendues, des rires qui fusent en plein soupir et le jaune se sépare enfin de sa coquille.

Se laisser aller dans l’eau avec le bain et sans effort prendre les bulles pour des geysers, les palmes pour des radeaux et se laisser couler au fond du grand bassin comme on se laisse aller au milieu de ce qui n’est même pas une rivière. Mais qu’importe, on passe du chaud au froid et on s’embrasse du regard de l’enfance. On saute du toboggan dans la bassine, on éclabousse, on rie et on revient tout droit vers la case départ d’une vie, qui en ce jour, ne faisait que commencer.

Le groupe avait pris ses marques, prêt à bondir comme un vieux canard, prêt pour la minute de vie qui nous vaudra une étincelle d’humanité. Nous étions devenus vingt et cent à l’abordage de la cité corsaire, de ces trésors en forme de galettes, de ces histoires endormies dans un verre que l’on prend au coin du feu. Il en faut toujours un pour dire une bêtise, dix pour l’écouter et les apprendre par cœur. Délice des âneries susurrées à dix heures du soir, à dessiner des élucubrations sorties d’une tête pas comme les autres. Ne rien comprendre et raconter des sornettes, mais heureux d’être là, heureux d’en être.

Nuit courte et petit matin pris à griller les vieilles histoires qui reviennent sans cesse, les plans que l’on dresse sur la comète de cette bonne terre déjà bien malade. Instantanés de nos vies en marmelade de grenouille qui font rire le pauvre monde. Puis vient le moment magique l’instant attendu. Ces moments sont difficiles à entreprendre, difficiles à garder et encore plus difficiles à quitter. Toucher couler, toucher toucher jusqu’au tréfonds de l’âme, toucher la peau qui recouvre nos os jusqu’à la mort. Toucher ce qui fait notre lien entre le devenir et l’être. Toucher de loin d’abord, se laisser surprendre puis reprendre. Reprendre le fil de ce sens perdu parmi les grands de la vue de l’ouïe et du parlé. Toucher et se taire, ne plus rien dire que ressentir et enfin refaire. Refaire le chemin à l’envers de nos sens éteints. L’homme qui parle touche juste, là où ça fait mal, là où l’on craint, là où l’on se dit enfin… Homme bonheur qui fait rire de son mal être, homme bonheur que l’on est heureux de voir et de toucher, homme à fleur de peau.

Se quitter en plein ressort qui vous envoie entre six ou sept ciels dans un paradis que les solitaires et les importuns ignorent, car pour ressentir ce moment d’ivresse et partager ces instants de douceur, il faut être fêlé comme un œuf. Fragilité retrouvée qui vous livre à l’attention et l’intention de tout un chacun, pour ne pas finir brouillés dans une poêle à frire. La délicatesse et les silences sont des baumes qui calment les blessures enfouies et les blessures cachées. Ce n’était pas ce que nous étions venus chercher mais c’est ce que j’ai trouvé, comme un élixir sorti d’on ne sait où, qui se boit comme du petit lait et se sirote au feu de bois.

Jean-Louis

Une rentrée pastorale

Nous étions cinq déjistes de notre groupe de Rennes présents à la messe de rentrée pastorale de la paroisse Saint-Augustin. Notre panneau qui récapitulait nos rencontres désormais régulières, en particulier l’après-midi contre l’homophobie du 21 mai, était là parmi les autres.

Et notre affiche contre l’homophobie, réalisée conjointement, a été mise à l’entrée de l’église. Puis, lors de la procession des offrandes, Isabelle a porté une bougie au nom de notre groupe.

Une journée de rencontres et d’échanges, un repas paroissial partagé, David & Jonathan cité par le curé comme n’importe quel groupe de la paroisse… la joie d’être accueillis comme les autres parmi les autres !

Une joie simple, qui fait du bien à toutes et tous, mais pourtant si rare ! Alors oui, nous allons continuer de la cultiver !!

Denis